La décision récente de la ministre de l’Éducation nationale, Raïssa Malu, ordonnant le maintien des filles enceintes dans les établissements scolaires, continue de susciter des réactions diverses dans la ville de Bukavu.
Au cours d’un micro-trottoir réalisé par un reporter de Bukavu FM, plusieurs acteurs sociaux ont exprimé leurs avis. Certains saluent une avancée en matière de droits et d’inclusion, tandis que d’autres dénoncent une décision qu’ils jugent inadaptée au contexte local.
C’est le cas de Nicolas Chishibanji Bujiriri, président de l’Association des Jeunes Leaders Chrétiens du Sud-Kivu. Pour lui, cette mesure risque d’encourager la dépravation des mœurs et de créer un désordre dans les écoles, rendant difficile la gestion des établissements publics comme privés.
Même son de cloche du côté de Jean-Moreau Tubibu, défenseur des droits de l’enfant. Il qualifie cette décision de floue, estimant qu’aucun système éducatif sérieux n’autorise une fille enceinte à étudier avec les autres.
Selon lui, cela pourrait avoir un impact négatif sur la moralité et poser un fardeau pour les écoles.
À l’inverse, Joseph Baraka Musombwa, du Mouvement de la Société Civile du Congo, soutient fermement cette décision, qu’il considère comme noble.
« J’appelle à son application stricte, estimant qu’elle redonne une chance à ces filles souvent exclues du système éducatif alors qu’elles ont, elles aussi, droit à l’instruction », souligne Joseph Baraka Musombwa
Rappellons que dans une note circulaire signée lundi 14 juillet, la ministre de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté, Raissa Malu, ordonne le maintien des filles enceintes dans les établissements scolaires.
Selon le document, cette décision vise à garantir leur accès au système éducatif dans le cadre d’une éducation inclusive et de l’égalité des genres en République démocratique du Congo (RDC).
« Tout établissement scolaire doit faciliter le maintien des élèves filles enceintes sans exigence administrative ou scolaire discriminatoire. Rien ne justifie l’exclusion des filles enceintes du système éducatif ; dès lors qu’elles n’ont pas manifesté l’intérêt de quitter l’école, conformément aux engagements nationaux et internationaux en faveur de l’éducation inclusive et de l’égalité des genres », a déclaré Raissa Malu, ministre de l’Éducation nationale, citée dans la circulaire.
Jusqu’au jour de la publication de cette note circulaire, le fait pour une élève de tomber enceinte en pleine année scolaire valait son exclusion des établissements scolaires de la RDC.
Des milliers de jeunes Congolaises ont ainsi vu leur scolarité être interrompue à cause d’une grossesse non désirée.
Bonheur Safari